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Une année sabbatique

Con­gé sab­ba­tique, expres­sion : un con­gé sab­ba­tique est une péri­ode pro­longée, générale­ment d’une année, dans la car­rière d’un salarié, durant laque­lle son con­trat de tra­vail est suspendu.

Moi, j’é­tais free­lance, quand le monde s’est arrêté. Enfin, le mien, de monde. Parce que j’ai savouré ce luxe, juste­ment, de pou­voir m’ar­rêter, et que je suis bien con­sciente que c’est une chance que tout le monde n’a pas. Une grande année de rien, à la redé­cou­verte des petits riens.

Février 2020, le mois d’avant

Avec mon ami Julien, qui a une agence de voy­age spé­cial­isée sur le Sri Lan­ka, nous accom­pa­gnons un voy­age pho­to. Nos voyageuses sont adorables, tout se déroule à mer­veille. (On va pas se jeter des fleurs, mais notre itinéraire est génial, aus­si !). Le temps est bon, le ciel est bleu. On mitraille, on rigole. Le Covid n’est qu’un truc un peu loin­tain et abstrait.

Pour­tant, quand je quitte Colom­bo, les autorités locales ont déjà instal­lé des scan­ners de tem­péra­ture dans l’aéro­port. Bien­tôt, nous serons con­finés, mais per­son­ne ne le sait.

voyage photo au Sri Lanka
stage photo au Sri Lanka

Il fau­dra que je vous racon­te ce voy­age au Sri Lan­ka bientôt,
et surtout que je vous mon­tre les super pho­tos de nos « stagiaires » !

Le Sri Lan­ka fut le dernier instant de vie nor­male, ou tout du moins avec le priv­ilège de l’in­sou­ciance. Le dernier voy­age lointain.
Et j’ai for­cé­ment une pen­sée pour l’équipe de Julien, et tous les habi­tants. Ce pays passe son temps à se relever. Guerre civile, tsuna­mi, atten­tats, et main­tenant Covid. Le tourisme est un apport d’ar­gent non nég­lige­able pour de nom­breux habi­tants, quand ce n’est pas l’ac­tiv­ité principale…

Avoir du temps

En voy­age, avoir du temps m’a tou­jours sem­blé être le luxe absolu. Me défaire de toute oblig­a­tion, et avancer douce­ment pour savour­er chaque imprévu. Oh, j’en ai fait des voy­ages de presse au pas de charge. Des durées improb­a­bles, à l’autre bout du monde, pour quelques clichés qui en ont tout, juste­ment du cliché, tant il est impos­si­ble d’ap­pro­fondir quoi que ce soit quand on ne prend pas le temps. Tout sur­v­ol­er, hop, quelques notes, deux ou trois pho­tos, et au suivant.

Mais pour avoir la pos­si­bil­ité de pren­dre mon temps en voy­age, il me fal­lait courir après lui entre deux départs. Pas le temps de souf­fler. Vider les valis­es et les cartes mémoire. M’oc­cu­per de ma fille, de la mai­son, des activ­ités (de ma fille), des sor­ties (de ma fille), du boulot. Pas de temps per­du. Pas de temps pour moi.

Et puis d’un coup, tout s’ar­rête. Et si j’ai paniqué, un peu, au départ, j’ai finale­ment savouré la pause imposée. Repren­dre le temps. On ne rat­trapera pas celui qui est per­du, mais on peut tou­jours essay­er de don­ner de la valeur à celui qui nous reste. Manger des madeleines en bouquinant sur la ter­rasse. Pique-niquer sur les bor­ds de Seine sans regarder l’heure qui passe. Con­sacr­er mes journées à ma fille, sans penser au tra­vail que je ne fais pas. Et pren­dre du temps pour moi.

Vacances décon­nec­tées, juste elle et moi dans une petite sta­tion (rel­a­tive­ment) vide. 

Bref, j’ai pris une pause

Je n’avais pas envie de chop­er le virus, bien sûr. (Asth­ma­tique, je suis poten­tielle­ment à risque, et en tant que maman solo, je ne peux pas me per­me­t­tre d’avoir le moin­dre pépin de santé)
Je n’avais pas non plus envie de par­ticiper à la dif­fu­sion du virus. Et braver les cir­con­stances pour fil­er à l’anglaise sur une des­ti­na­tion exo­tique me sem­blait tout à fait indé­cent. Alors je suis restée chez moi.

Je n’ai pas totale­ment chômé non plus. Y’a eu la for­ma­tion pour Empara, beau­coup d’écri­t­ure, l’a­vance­ment sur quelques pro­jets qui pren­dront forme dans les semaines qui viennent…
Mais pour la pre­mière fois depuis très longtemps, j’ai pu faire « des trucs rien que pour moi ». Me met­tre à la menuis­erie, à la lino­gravure, lire, dessin­er, cuisin­er, jar­diner, et marcher, beau­coup. Je ne sais pas si ça peut faire de moi une meilleure pho­tographe, mais s’ou­vrir l’e­sprit à d’autres représen­ta­tions, explor­er d’autres pra­tiques, ou sim­ple­ment s’aér­er le cerveau ne peut jamais faire de mal, surtout dans un univers aus­si nor­mé que la pho­togra­phie touris­tique (je vous épargne mon laïus sur l’u­ni­formi­sa­tion de la pho­togra­phie mais je n’en peux plus de voir les mêmes images en boucle !).

Un bureau pour Petite Oreille, et mes pre­miers essais de linogravure.

Reprendre goût à la photographie

J’ai com­mencé la pho­togra­phie pour le plaisir. Puis c’est devenu un tra­vail. (J’en par­lais ici, si ça vous intéresse !)
Et si chaque mis­sion est tou­jours une source d’ex­ci­ta­tion, je lais­sais mon appareil rangé entre deux voy­ages. Comme une cheffe cuisinière qui com­man­derait une piz­za en ren­trant chez elle.

Cette pause a été l’oc­ca­sion de me rin­cer les yeux. De réap­pren­dre à regarder. M’ex­tasi­er sur des détails, sur le quo­ti­di­en. Pho­togra­phi­er ma fille, ses copines, leurs jeux, la vie. Pass­er des heures à la fenêtre à immor­talis­er les oiseaux dans le jardin. Retrou­ver les sen­sa­tions de la pho­togra­phie, et y repren­dre goût.

Et la suite alors ?

Après cette longue pause (que j’es­time méritée (et de toute façon je suis ma pro­pre patronne donc je peux tout à fait me décern­er le prix d’employée du mois et estimer que j’avais droit à cette année de presque-con­gé !), oui oui), je vais repren­dre le chemin du blog. Vous racon­ter des voy­ages, vous par­ler de pho­togra­phie. Comme je le fais depuis plus de 10 ans maintenant.

Les escapades de l’été dernier : le Tour du Mont Blanc et le Sud de la Char­ente en famille.

Un voyage photo en France

Par­mi les pro­jets qui vont arriv­er à la ren­trée, et qui me tien­nent à cœur, il y a (enfin !) l’or­gan­i­sa­tion d’un stage pho­to en France. Après la Patag­o­nie, l’Is­lande, l’E­cosse et le Sri Lan­ka, j’avais envie de vous pro­pos­er un voy­age plus court et plus acces­si­ble, aus­si, bien sûr. Les con­fine­ments auront quelque peu retardé les repérages, mais c’est main­tenant en bonne voie, et il me tarde de vous en dire plus !

(Car, oui, organ­is­er un séjour sup­pose d’avoir un lieu qui s’y prête, bien sûr, mais aus­si des parte­naires de con­fi­ance et surtout, de con­stru­ire un bel itinéraire. Bref, il y a beau­coup de tra­vail en amont et surtout la néces­sité de trou­ver des contacts !)

Je vous en repar­le bientôt !

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