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Escapade dans le Massif du Canigó

Réc­it, con­seils et bonnes adress­es pour explor­er le mas­sif du Canigó : entre ses villes for­ti­fiées et ses vil­lages pit­toresques, ses paysages et ses ran­don­nées, ses ren­con­tres et sa cul­ture catalane.

Mon­tagne phare des Pyrénées Ori­en­tales, le pic du Canigó cul­mine à 2 784 m d’alti­tude. Le mas­sif qui l’en­toure fait par­tie du réseau des Grands Sites de France et est réputé pour son pat­ri­moine et ses sen­tiers de ran­don­née. Ici con­ver­gent les régions his­toriques du Con­flent, du Rous­sil­lon et du Valle­spir, en plein cœur du Pays Catalan.

pic du Canigó

Ci-dessus :
le Canigó, un som­met mythique,
la mon­tagne sacrée du Pays Catalan

Canigó ou Canigou ?

Si l’on en croit Wikipé­dia, la pre­mière forme con­nue du nom appa­raît en 949 avec Mon­tis Canigo­nis. Suiv­ent ensuite Monte Canigone, Chanigono et Canigo­nis, puis Monte Kanigo­nis et Kanigo­ni. La forme mod­erne cata­lane Canigó appa­raît pour la pre­mière fois en 1302.
C’est la fran­ci­sa­tion des noms qui a mené à la forme Canigou, util­isée jusqu’à récem­ment. Mais ces dernières décen­nies, elle tend à être rem­placée par la ver­sion cata­lane Canigó, qui se prononce de la même manière que la ver­sion française. D’ailleurs, au-delà du Pic du Canigó, c’est toute la sig­nalé­tique routière qui affiche la toponymie dans les deux langues.

Le réseau des Grands Sites de France (RGSF)

Il s’ag­it d’une asso­ci­a­tion qui « regroupe les organ­ismes locaux assur­ant la ges­tion et la mise en valeur de sites classés qui béné­fi­cient d’une forte renom­mée et d’une fréquen­ta­tion très impor­tante. » Con­crète­ment, RGSF réu­nit des Con­seils généraux, des com­munes et com­mu­nautés de com­munes, des syn­di­cats mixtes, etc. , afin de réfléchir à la ges­tion durable, à la préser­va­tion et la val­ori­sa­tion de sites naturels touris­tiques français. Le but étant d’ar­riv­er à con­cili­er la pro­tec­tion des lieux et l’ac­cueil de tous. On dénom­bre, au moment où j’écris ces lignes, quar­ante-neuf sites adhérents au Réseau des Grands Sites de France (label­lisés Grand Site de France ou en passe de le devenir : le label est décerné par le Min­istère de la Tran­si­tion écologique) qui ont à cœur de dévelop­per un tourisme durable, respectueux des lieux, et dont les retombées économiques prof­i­tent aus­si aux habitants.

visiter le massif du canigo

Un séjour dans le Massif du Canigó

Le Mas­sif du Canigó est label­lisé Grand Site de France depuis 2012, et on en retrou­ve toutes les car­ac­téris­tiques : une des­ti­na­tion nature, une cul­ture locale forte, des mobil­ités douces. J’ai donc passé une semaine à ren­con­tr­er des cata­lans pas­sion­nés par leur ter­ri­toire, à sil­lon­ner leurs chemins de ran­don­née, à décou­vrir leurs paysages et leur patrimoine.

Villefranche-de-Conflent

Après quelques heures à con­tem­pler le paysage der­rière la fenêtre de mon Paris-Per­pig­nan, je me fau­file dans l’en­ceinte de Ville­franche-de-Con­flent. Des mon­tagnes et des rem­parts pour cern­er les petites ruelles calmes. Quelques fig­urines de sor­cières attachées devant les maisons indiquent que l’été n’est pas encore fini. Les bruix­es por­tent bon­heur, ici. L’hiv­er venu, on racon­te qu’elles rejoignent les grottes alentour.
Notes de voy­age, Ville­franche-de-Con­flent, sep­tem­bre 2021

Les remparts de Villefranche-de-Conflent

Ville­franche-de-Con­flent est une cité médié­vale for­ti­fiée très bien con­servée. On pénètre dans la ville à pied, par de grandes portes. Un fort sur­plombe (et sur­veille) la ville depuis les hauteurs.

Remparts de Villefranche

Six bas­tions, deux niveaux, les rem­parts de Ville­franche sont un véri­ta­ble labyrinthe, con­stru­it, remanié et com­plété au fil des siè­cles, mais dont on doit la con­cep­tion actuelle à Vauban, au 17ème siè­cle. Le dédale de plus d’un kilo­mètre fait le tour des trois quarts de la ville, le dernier quart ayant été jugé inat­taquable car bor­dé par la Têt, le fleuve qui tra­verse la vallée.

« La ville a sou­vent été attaquée ? » ai-je ques­tion­né la guide. « Jamais ! » a‑t-elle répon­du. « Enfin, si, une fois, mais les habi­tants ont ouvert les portes ».

Remparts de Villefranche
Remparts de Villefranche

Les rem­parts de Ville­franche-de-Con­flent sont classés aux Mon­u­ments His­toriques ain­si qu’au pat­ri­moine mon­di­al de l’Unesco. C’est le car­ac­tère excep­tion­nel de leur con­cep­tion qui leur vaut cette renom­mée. Ville­franche-de-Con­flent se trou­vait, dès l’o­rig­ine, dans un lieu stratégique pour con­trôler les pas­sages dans la val­lée. Suite au traité des Pyrénées, l’ar­chi­tecte Vauban a pour mis­sion de repenser les rem­parts de la ville. Il décide donc de dou­bler les chemins de ronde, créant alors deux étages aux rem­parts, entière­ment cou­verts. Entre les toits en ardoise, les murs en mar­bre local et les restes de l’époque médié­vale, l’am­biance et l’ar­chi­tec­ture des lieux sont très par­ti­c­ulières. Est-ce pour ça que je n’ar­rivais pas à m’y repérer ?

Remparts de Villefranche
Remparts de Villefranche
Remparts de Villefranche

Vis­iter les rem­parts de Villefranche

Les rem­parts se vis­i­tent toute l’an­née sauf en Jan­vi­er. Vous pou­vez retrou­ver les tar­ifs et les horaires sur le site de l’Of­fice de tourisme.

Villefranche-de-Conflent en pratique : bonnes adresses pour manger et dormir

Où manger à Ville­franche : Le Patio

Petite ter­rasse et salle agréable, Le Patio est la meilleure adresse de la ville. La carte n’est pas grande (rap­pelons qu’un grande carte n’est jamais bon signe !) mais suff­isam­ment var­iée pour que cha­cun y trou­ve son compte. Le per­son­nel est sym­pa, le cadre agréable. Que deman­der de plus ?

32 Rue Saint-Jean, 66500 Villefranche-de-Conflent
Réser­va­tion forte­ment recom­mandée au : 04 68 05 01 92

Restaurant le Patio à Villefranche

Où manger à Villefranche

Où manger à Ville­franche : la Pizze­ria des Remparts

Quand je ren­tre dans la pizze­ria, Dédé le dis­cret s’af­faire en cui­sine tan­dis que Samy le vol­u­bile nor­mand partage sa bonne humeur avec la salle. « Ça vient de chez M. X, Meilleur Ouvri­er de France. » À chaque tablée, il annonce que tel ingré­di­ent vient de tel endroit, glis­sant au pas­sage le CV du four­nisseur. Car ici, tout est local, et autant que pos­si­ble, bio. Nous voulons être un rem­part con­tre la « mal-bouffe », un défenseur du bon, conçu et pro­duit localement.
32 Rue Saint Jacques
66500 Ville­franche-de-Con­flent France

Pizzeria à Villefranche

Où dormir à Villefranche

Chambre d'hôtes à Villefranche

Où dormir à Ville­franche : Chez l’Apiculteur

Sans sur­prise vu le nom du lieu, Chris­t­ian est apicul­teur. Il tient une petite mai­son d’hôtes au-dessus du mag­a­sin où il vend son miel.

19, rue Saint-Jacques
66500 Villefranche-de-Conflent
Con­tact : 6 01 17 92 53

Le soir venu, la ville revêt un charme par­ti­c­uli­er. Quelques lam­padaires éclairent les ruelles dev­enues calmes et désertes. J’en­tends des éclats de voix, de rire, venus des placettes où les ter­rass­es accueil­lent fêtards et noc­tam­bules. Quelle que soit la rue, mon regard vient tou­jours buter sur un front mon­tag­neux, dont le som­met sem­ble vite dis­paraître, avalé par les nuages et la nuit.
Notes de voy­age, Ville­franche-de-Con­flent, sep­tem­bre 2021

Villefranche de nuit
Villefranche de nuit

Le Train Jaune des Pyrénées

Le Train Jaune cumule les super­lat­ifs : le plus haut, le plus beau. Paré des couleurs vives du bla­son cata­lan, ce TER fait entière­ment par­tie du pat­ri­moine local. Et il suf­fit de l’évo­quer avec des habi­tants pour voir leurs yeux s’il­lu­min­er, et con­stater com­bi­en ils sont attachés au « canari ».

Con­stru­ite au début du siè­cle dernier, la ligne fer­rovi­aire avait pour but de désen­claver les hauts plateaux cata­lans. Au départ de Ville­franche-de-Con­flent, les rails se fau­fi­lent au pied du mas­sif du Canigó jusqu’au plateau pyrénéen de la Cerdagne. En 63km, on rejoint Latour-de-Car­ol. Mais on ne prend pas le Train Jaune pour aller vite : à 30km/h en moyenne, ne dépas­sant jamais les 55km/h, le Canari per­met d’ap­préci­er pleine­ment les paysages. Equipé à présent d’un wag­on panoramique ouvert, ce TER est aus­si un train touris­tique. On le prend autant pour rejoin­dre un départ de ran­don­née que pour admir­er les paysages de la val­lée de la Têt.

Train Jaune sur le pont Séjourné
Train jaune sur le pont Séjourné

Ci-dessus : le Train Jaune tra­ver­sant les 237m de long du via­duc Séjourné bien recon­naiss­able à ses arcades.
Sur la pho­to de gauche, le train se trou­ve à 65m au-dessus du sol !

train jaune des pyrénées

train jaune des Pyrénées

Le Train Jaune dessert vingt-deux gares mais seules cinq sont des arrêts récur­rents. Pour toutes les autres, il faut se sig­naler au con­duc­teur (lui faire signe depuis le quai lorsque le train approche et lui dire où on souhaite descendre !).

Par­mi les gares les plus con­nues, on pour­ra citer Olette, Font­pé­drouse, Mont-Louis, Font-Romeu, Sail­lagouse, Bourg-Madame ou encore Bolquère-Eyne, gare SNCF la plus haute de France avec ses 1592m d’alti­tude. C’est un sacré dénivelé, depuis les 415 mètres d’altitude de Villefranche-de-Conflent !

En gare de Ville­franche, j’hésite un instant : choisir le wag­on panoramique ouvert, déjà bien rem­pli, ou grimper dans le wag­on de queue. Je me laisse séduire par le charme de l’in­térieur. Les voyageurs s’in­stal­lent. Il y a ce cou­ple avec un nou­veau-né, qui vis­ite les grands-par­ents et la région en même temps. Ces trois touristes anglais, qui ont déjà l’ap­pareil pho­to à la main. Cet habi­tant de Ville­franche qui s’in­stalle con­fort­able­ment après avoir mis son VTT dans le com­par­ti­ment dédié.
Un soubre­saut, le train démarre. On longe les rem­parts de Ville­franche-de-Con­flent. Les rideaux ond­u­lent avec le mou­ve­ment lent du wag­on. La lumière du soleil, encore bas, réchauffe les vieux sièges.
Je reste debout. Je me penche tan­tôt à gauche, tan­tôt à droite. Serdinya. Jon­cet. Olette. Je pho­togra­phie le bourg et son église depuis le train. La val­lée s’élar­git. Le paysage change. Je ne lâche pas mon appareil pho­to. Ces 30km/h sont presque trop rapides !
Notes de voy­age, à bord du Train Jaune, sep­tem­bre 2021

Le Train Jaune est une véri­ta­ble prouesse tech­nique dans sa con­struc­tion. Les travaux com­men­cent en 1903, et, s’il faut atten­dre 1927 pour rejoin­dre Latour-de-Car­ol, il est pos­si­ble d’aller de Ville­franche-de-Con­flent à Mont-Louis dès 1910. Les 63km de la voie fer­rée sont ponc­tués par six cent cinquante ouvrages d’art, par­mi lesquels dix-neuf tun­nels et plusieurs ponts dont deux via­ducs classés Mon­u­ments His­toriques : le Pont Séjourné et le Pont sus­pendu Gisclard.

Le Train Jaune fonc­tionne, depuis sa mise en ser­vice, par un sys­tème de trac­tion élec­trique. L’al­i­men­ta­tion en élec­tric­ité se fait grâce à un sys­tème hydraulique : un bar­rage au lac des Bouil­lous­es, et un ensem­ble de sept sta­tions élec­triques. Tout le com­plexe a été con­stru­it en même temps que la ligne fer­rovi­aire, spé­ciale­ment pour l’al­i­men­ta­tion du train. Le Train Jaune roule donc depuis plus d’un siè­cle à 100% avec de l’én­ergie verte.

Ci-con­tre : le Train Jaune passe sur le Pont Cas­sagne (ou pont Gisclard), dernier pont sus­pendu fer­rovi­aire de France sur une ligne encore exploitée. La passerelle est main­tenue par des câbles à 80 mètres de haut. 

Le Train Jaune cir­cule toute l’an­née, été comme hiv­er. C’est un excel­lent moyen de se déplac­er dans la région. Pour une place dans le wag­on décou­vert, il est con­seil­lé de se ren­dre en avance à la gare. La ligne est con­nec­tée avec le réseau fer­rovi­aire à ses deux extrémités, et notam­ment Per­pig­nan depuis la gare de Ville­franche, ou Toulouse et l’Es­pagne depuis la gare de Latour-de-Carol.

Cahin caha, le train grimpe jusqu’à Thuès-entre-Valls. Alti­tude 789m. Ce n’est pas un arrêt oblig­a­toire. Je suis la seule à descen­dre. Le train repart tan­dis que je con­tem­ple le paysage depuis le quai vide. Je com­prends l’at­tache­ment des locaux à ce train. Un ser­vice pub­lic qui offre le luxe de pou­voir ain­si rejoin­dre un départ de rando !
Notes de voy­age, sep­tem­bre 2021

Les Gorges de la Carança

À l’o­rig­ine, il s’agis­sait d’un sen­tier tail­lé dans la roche pour per­me­t­tre aux ouvri­ers de rejoin­dre le chantier de l’u­sine hydroélec­trique mais, aujour­d’hui, les Gorges de la Carança font par­tie des ran­don­nées incon­tourn­ables des Pyrénées Ori­en­tales. La ran­do est spec­tac­u­laire, à bien des égards !

Depuis le park­ing, on emprunte un pont puis un sen­tier qui monte en raidil­lon jusqu’à la cor­niche. Cette petite mon­tée abrupte sera la seule de la journée : le reste de la prom­e­nade est pra­tique­ment plat.

Itinéraire pour les Gorges de la Carança

Il existe plusieurs tra­jets et chemins pos­si­bles, selon le temps dont vous dis­posez et vos envies. Vous trou­verez toutes les infos sur le site de l’Of­fice de Tourisme. Per­son­nelle­ment, j’ai choisi d’aller jusqu’au bar­rage puis de revenir par le même chemin. Si j’ai générale­ment une préférence pour les sen­tiers en boucle, je n’ai eu, pour autant, aucun regret à revenir sur mes pas pour refaire ma par­tie préférée : la corniche !

Ran­don­ner dans les Gorges de la Carança

Si cette ran­do ne présente aucune dif­fi­culté tech­nique ni aucun risque majeur, elle est toute­fois décon­seil­lée aux per­son­nes sujettes au ver­tige ain­si qu’aux jeunes enfants. Je vous laisse juger d’après les pho­tos qui suiv­ent si la cor­niche et les passerelles sont faites pour vous !

Vallée de la Carança, randonnée sur la corniche
Vallée de la Carança, randonnée sur la corniche
les passerelles, rando dans la vallée de la Carança

Si la pre­mière moitié de la ran­do offrait déjà un beau précipice sous la cor­niche, la deux­ième moitié offre, quant à elle, quelques poussées d’adré­naline ! On emprunte une série d’échelles, de ponts de singes et de passerelles pour remon­ter le cours de la riv­ière. Le par­cours ne présente, bien sûr, aucun dan­ger pour qui fait atten­tion : des mains courantes per­me­t­tent de se tenir, et aucun acci­dent n’a jamais été à déplor­er. C’est donc une manière ludique de s’en­fon­cer dans une par­tie plus resser­rée des Gorges de la Carança !

les passerelles, rando dans la vallée de la Carança
les passerelles, rando dans la vallée de la Carança
les passerelles, rando dans la vallée de la Carança
les passerelles, rando dans la vallée de la Carança

Les bains de Saint-Thomas

De nom­breux ran­don­neurs choi­sis­sent de ter­min­er leur escapade par une baig­nade dans les bains de Saint-Thomas, situés juste à côté des Gorges de la Carança. Il faut dire que le cadre est mag­nifique, le tarif est plus qu’abor­d­able (7,50€ pour un adulte) et l’eau chaude est naturelle. Il s’ag­it d’une eau ther­male qui sort de terre à 58°C ! Les bassins sont donc à plus de 30°C toute l’an­née ! (et, oui, j’ai envie d’y retourn­er en plein hiver !)

Se prélass­er dans les bains de Saint-Thomas

Pour les horaires et tar­ifs, ren­dez-vous sur leur site.

Evol, l’un des plus beaux villages de France

Le clocher de l’église romane Saint-André se repère de loin. Au milieu des mon­tagnes, voici le petit vil­lage médié­val d’Evol. En con­tre­bas de l’an­ci­enne forter­esse, le hameau sem­ble figé dans le temps. Un tra­vail de réno­va­tion for­mi­da­ble per­met de se promen­er dans des ruelles impec­ca­bles, et autres adjec­tifs en able : agréables, adorables. C’est aus­si char­mant, pit­toresque et pho­togénique. Les ruelles étroites et escarpées mon­tent, descen­dent, ser­pen­tent entre les maisons. On passe devant le lavoir. On admire les fleurs qui ornent les devan­tures, ou les fours à pain qui sont inté­grés dans les façades.
On se fau­file entre les petites maisons aux murs de schiste et toits de lauzes, typ­iques du pat­ri­moine rur­al du Haut-Con­flent. Ce sont les habi­tants du hameau qui ont retroussé leurs manch­es pour créer l’élan de moti­va­tion néces­saire à la restau­ra­tion du vil­lage, aujour­d’hui classé par­mi les plus beaux de France.

Le château ne se vis­ite pas (il est en cours de réno­va­tion), mais je vous con­seille d’y mon­ter pour la vue plongeante sur le vil­lage. C’est cette local­i­sa­tion au milieu des mon­tagnes qui fait tout le charme d’Evol, il me semble !

evol, plus beau village de France
evol, plus beau village de France
evol, plus beau village de France
evol, plus beau village de France

L’abbaye de Saint-Martin du Canigó

La vis­ite de l’ab­baye de Saint-Mar­tin se mérite. Le pic de Tres Estelles toise les vis­i­teurs qui s’aven­turent sur le chemin. Sous les frênes et les châ­taig­niers, les lacets sem­blent inter­minables. Qui a bien pu vouloir con­stru­ire une abbaye au som­met d’une telle côte ?
Notes de voy­age, abbaye de Saint-Mar­tin du Canigó, sep­tem­bre 2021

En 1009, 30 moines béné­dictins vivent ici, dans le monastère établi suite aux dona­tions du fameux Guifred, comte de Cerdagne. Les ermites s’y réu­nis­sent en com­mu­nauté afin d’éprou­ver l’ap­pel au désert. Et quel lieu plus appro­prié pour cela qu’un éper­on rocheux qui domine une par­tie de la val­lée du Cady tout en étant par­tielle­ment enclavé dans les con­tre­forts du Pic du Canigó.

S’en­suit un mil­lé­naire d’his­toire com­pliquée. Con­flits, trem­ble­ment de terre*. Au 18ème siè­cle, il ne reste plus que cinq moines infirmes et âgés. L’ab­baye tombe en ruine. Elle est sécu­lar­isée puis vidée. Elle devient tour à tour car­rière à ciel ouvert pour les habi­tants du coin, puis bergerie.

Heureuse­ment, le 20ème siè­cle est celui de la restau­ra­tion de l’ab­baye. En 1902, l’évêque de Per­pig­nan entre­prend la recon­struc­tion du monastère, si cher aux cata­lans qu’ils par­ticipent en nom­bre au chantier. Puis, à par­tir de 1952, un moine béné­dictin s’in­stalle sur place pour restau­r­er l’ab­baye. On récupère ce que l’on peut des élé­ments pil­lés pen­dant les siè­cles passés. Quelques chapiteaux regag­nent leurs colonnes de mar­bre. D’autres sont sculp­tés pour l’oc­ca­sion. On livre une nou­velle cloche.

Et en 1988, la Com­mu­nauté des Béat­i­tudes s’y installe. Aujour­d’hui, c’est une quin­zaine de per­son­nes, sœurs, frères et laïcs, qui y parta­gent une vie pas­torale ouverte.

Abbaye Saint-Martin-du-Canigou

Vis­iter l’Ab­baye de Saint-Mar­tin du Canigó

L’ab­baye n’ou­vre ses portes qu’aux vis­ites guidées. Pour la vis­iter, vous trou­verez toutes les infos sur leur site.
Il est égale­ment pos­si­ble d’y dormir, si vous souhaitez décou­vrir la vie de la com­mu­nauté ou sim­ple­ment prof­iter des paysages et de la sérénité du lieu.

Abbaye Saint-Martin-du-Canigou
Abbaye Saint-Martin-du-Canigou
Abbaye Saint-Martin-du-Canigou

Abbaye Saint-Martin-du-Canigou

Le lieu est éton­nam­ment grand, surtout au vu de la con­fig­u­ra­tion du rocher. L’an­ci­enne abbaye béné­dic­tine Saint-Mar­tin-du-Canigó est réputée pour être un joy­au du pre­mier art roman région­al dont on retrou­ve tous les attrib­uts, comme le clocher lom­bard. On y décou­vre notam­ment deux églis­es super­posées. L’église inférieure est par­tielle­ment creusée dans le rocher, très basse, avec de larges voutes sou­tenant trois nefs. Pour con­stru­ire l’église supérieure, juste au dessus, il a fal­lu con­solid­er les colonnes, ce qui con­tribue à leur don­ner un aspect massif.Abbaye Saint-Martin-du-Canigou

Abbaye Saint-Martin-du-Canigou
Abbaye Saint-Martin-du-Canigou
Abbaye Saint-Martin-du-Canigou
Abbaye Saint-Martin-du-Canigou

Je ren­con­tre Pas­cale devant les portes de l’Ab­baye. Laïque, elle vit ici depuis plusieurs années. Elle me par­le de sa vie sur place. De ses enfants qui y ont gran­di. De l’at­tache­ment que toute la famille ressent pour ce lieu. De l’en­fant de l’autre famille de laïcs qui fêtait ses anniver­saires à l’ab­baye, avec les cama­rades du vil­lage. Ses yeux bril­lent. Pas­cale respire le calme et la douceur. Son sourire est sincère. Sa bien­veil­lance aussi.
Je lui demande com­ment tout a com­mencé. Elle me racon­te qu’elle cher­chait une com­mu­nauté où s’in­staller avec son mari. Ils en avaient deux en vue, et lorsqu’ils ont vis­ité Saint-Mar­tin, elle a été prise d’une crise de claus­tro­pho­bie. Pour­tant, ça ne l’a pas découragée. Elle a sen­ti que sa place était ici et ne l’a jamais regret­té. Elle a appris a aimer ces falais­es qui cer­nent le cloître.
Notes de voy­age, abbaye de Saint-Mar­tin du Canigó, sep­tem­bre 2021

Abbaye Saint-Martin-du-Canigou

Ille-sur-Têt

Ille-sur-Têt est réputée pour ses Orgues. D’é­tranges for­ma­tions qui évo­quent Bryce Canyon ou la Cap­padoce. Sauf qu’à l’ar­rière-plan, c’est le pic du Canigó qu’on aperçoit ! Nous sommes bien dans les Pyrénées !

Ces chem­inées de fées sont le fruit de l’éro­sion et du temps sur un ancien lit de riv­ière où se sont déposées des couch­es de sable et d’argile. On dis­tingue aisé­ment les dif­férentes strates en regar­dant atten­tive­ment les for­ma­tions géologiques.

les orgues d'ille sur têt

Les Orgues : zone fragile

Les Orgues sont frag­iles. Ces chem­inées de fée, sculp­tées par le vent, sont en con­stante évo­lu­tion, et con­tin­u­ent de s’éroder au fil du temps. Il est pos­si­ble de les approcher en se ren­dant sur le site touris­tique géré par la mairie, mais il fau­dra veiller à respecter les lieux : on ne cueille rien, on ne ramasse rien, on reste sur les sen­tiers, et on n’escalade pas, même si on voit d’autres crétins per­son­nes le faire.

Pour ma part, j’ai préféré les vues de loin, qui ne dégradent pas le site. Et je suis donc allée ran­don­ner autour des Orgues avec un guide nat­u­ral­iste local pour en appren­dre un peu plus sur la faune et la flo­re si particulières.

Randonnée avec Thierry

Thier­ry m’at­tend à la table d’ori­en­ta­tion, juste au-dessus des Orgues. Le ciel vient de se cou­vrir. Un comble, car c’é­tait plutôt la chaleur qui était à crain­dre en cette sai­son. Nous nous met­tons en marche. Thier­ry m’en­traîne sur les sen­tiers. En marchant, il com­mente la flo­re locale. Telle fleur a des feuilles qui reti­en­nent l’eau de telle manière. Telle autre sait pro­téger ses graines des incendies.
Notes de voy­age, Ille-sur-Têt, sep­tem­bre 2021

Il me faut aus­si faire un aparté sur le cli­mat local : ici, il fait très chaud, et très sec. Ain­si, en plein été, Thier­ry ne pro­pose jamais de sor­ties ran­don­nées avant la fin d’après-midi. La flo­re est basse, il n’y a pas d’om­bre. C’est un envi­ron­nement très frag­ile, et par­ti­c­ulière­ment sujet aux incendies, qui frap­pent régulière­ment la région.

Nature sensible

Ici, plus que jamais : ne pas fumer, ne rien jeter, ne pas faire de feu. Un sim­ple tes­son de bouteille jetée au sol ou oubliée peut être la cause d’hectares qui par­tent en fumée !

Thierry Derolez, guide nature dans les PYRÉNÉES-ORIENTALES

Dans le sac de Thier­ry, des dizaines d’ap­peaux. On tend l’or­eille. Les orgues sont un lieu de nid­i­fi­ca­tion idéal pour les guépiers, et les bosquets qui nous entourent frémis­sent sous les allées et venues des oiseaux. Geais, pies, mer­les, hiron­delles… Thier­ry est intarissable.

Avant d’être guide, Thier­ry était ani­ma­teur nature. Depuis l’en­fance, il venait dans les Pyrénées pour les vacances, depuis le nord de la France. Et puis un jour, il a décou­vert les Orgues. Il en par­le encore avec émo­tion. Les chem­inées ocres devant le Canigó enneigé. Le con­traste, les couleurs. Il a décidé de venir s’in­staller ici. Et non seule­ment il n’est jamais repar­ti, mais en plus, il ne s’en lasse tou­jours pas !

rando nature à ille-sur-tet

portrait d'Adrien Baux

La ran­don­née se ter­mine dans le jardin d’Adrien, un octogé­naire aux yeux vifs. Natif du coin, il s’est instal­lé ici dans les années 70. Thier­ry ter­mine toutes ses ran­don­nées chez lui : pour son jardin un peu par­ti­c­uli­er et la vue qu’on y décou­vre à son extrémité. Car tout au bout du ter­rain, c’est une vue plongeante sur les Orgues qui nous attend !

Il s’avère que jusqu’au début des années 90, les orgues par­tie par­tie d’une exploita­tion agri­cole. Et per­son­ne ne se sou­ci­ait vrai­ment de ces curiosités géologiques. Quand Adrien a acheté son ter­rain, les Orgues étaient encore cernées par un verg­er. Trente ans plus tard, Adrien béné­fi­cie d’une vue à la fois unique et excep­tion­nelle sur le site des Orgues.

orgues d'ille-sur-tet

Je demande à Adrien si je peux le pho­togra­phi­er. Il sourit et pose sa canne. « Sinon, on va croire que je suis vieux », m’ex­plique-t-il, mali­cieux. Les chi­ennes courent partout. Je déclenche, deux, trois, qua­tre fois. Adrien avance dans la plan­ta­tion. Les chi­ennes jouent à côté. Il par­le des chênes truffiers, de com­ment per­son­ne n’y croy­ait au départ. Et soudain il s’ar­rête net. Les chi­ennes sont en train de creuser au pied d’un arbre. Adrien s’ap­proche. La sai­son est pour­tant finie. Mais les chi­ennes s’ac­tivent, mal­gré tout. Il se penche. Il avance sa main vers la terre meu­ble, grat­te un peu. Et je vois son vis­age s’il­lu­min­er. La dernière truffe. Une oubliée !
Notes de voy­age, Ille-sur-Têt, sep­tem­bre 2021

Adrien a plan­té des dizaines de chênes truffiers sur son ter­rain. Les sols du Langue­doc-Rous­sil­lon sont réputés favor­ables à la truf­fi­cul­ture. Juste au-dessus des Orgues, la terre était à la fois argileuse, sablon­neuse et légère­ment caill­ou­teuse, juste comme il faut, mais pas assez riche. Adrien a donc ramené des sacs et des sacs avant de planter ses chênes.

Chêne vert, écar­late, pédon­culé, pubes­cent. Je décou­vre qu’il existe plusieurs var­iétés de chênes sus­cep­ti­bles d’ac­cueil­lir les truffes. Tout comme des charmes, des noisetiers, des cèdres, des hêtres, etc. Tout se passe lors de la mycorhization.
La truffe vit en sym­biose avec l’ar­bre. Accroché à ses petites racines, ce champignon échange des élé­ments minéraux qui nour­ris­sent l’ar­bre en con­trepar­tie de sub­stances hydro­car­bonées. Après plusieurs années de colo­ca­tion, le champignon va com­mencer à pro­duire des car­pophores : les fameuses truffes.
La mycorhiza­tion con­siste donc à « forcer » le proces­sus de sym­biose. Il pour­rait se pro­duire dans la nature, mais de manière aléa­toire. Pour con­stituer une truf­fière, il faut donc aider le champignon à s’in­staller dans les racines d’une jeune pousse.

Ci-dessus : un chêne mycorhizé par Adrien. Il fau­dra atten­dre une dizaine d’an­née avant de com­mencer à récolter des truffes… à con­di­tion que le proces­sus ait fonc­tion­né ! En atten­dant, Adrien bataille con­tre les sangliers !

Adrien ramasse ain­si une dizaine de kilos de truffes par an, aidé de ses chi­ennes, Diane et Choupette, la mère et la fille. Biberon­nés à l’huile de truffe, les chiots appren­nent dès leur plus jeune âge à repér­er les champignons. Ils n’en man­gent pas, bien sûr, mais savent qu’ils seront récom­pen­sés s’ils en trou­vent. Alors Diane et Choupette jouent très bien le jeu !

Atten­tion : la truf­fière d’Adrien est une pro­priété privée. L’ac­cès n’est donc pos­si­ble que dans le cadre des ran­don­nées organ­isées par Thier­ry, dont vous avez le con­tact ci-dessous.

Thierry, guide nature dans les Pyrénées devant les orgues d'Ille sur Tet et le massif du Canigou

Thier­ry, guide nature dans les Pyrénées Orientales

Thier­ry organ­ise régulière­ment des vis­ites. N’hésitez pas à con­sul­ter son site pour con­naître le programme !
Con­tact : +33 6 95 12 62 75
Son site inter­net

Une chambre d’hôtes à côté des Orgues d’Ille-sur-Têt

chambre d'hotes casa mia à côté des orgues d'ille sur têt

Où dormir à côté des Orgues d’Ille-sur-Têt

Cham­bres et table d’hôtes Casa Mia
Impasse Camille Pelletan
66170 Nefiach
Con­tact : +33 6 66 67 21 40 ou +33 6 66 67 21 40
Toutes les infos sur leur site.

Après des années d’ex­pa­tri­a­tion, Manuel et Sigrid voulaient se repos­er un peu. Alors à leur tour, ils ont décidé de recevoir les voyageurs. Ils ont sil­lon­né la France jusqu’à avoir le coup de cœur pour les Pyrénées Ori­en­tales. Ils ont posé leurs valis­es dans la val­lée, acheté une mai­son de bourg avec un joli jardin, fait beau­coup de travaux, et ouvert leurs portes ! Out­re le fait que les cham­bres soient très agréables, la table d’hôtes est égale­ment très bonne.

Randonnées autour du Château de Caladroy

Je ne sais pas si c’est le Château de Cal­adroy qui a inspiré Vir­ginie, ou Vir­ginie qui a mod­elé le Château de Cal­adroy a son image, mais deux choses sont sûres : Vir­ginie est le genre de femme qui fait mille choses à la fois et il se passe mille choses au Château de Caladroy.
Le château du 12ème siè­cle domine la région. Vir­ginie m’ex­plique que cer­tains matins, quand le ciel est dégagé, elle dis­tingue les voiliers sur la Méditer­ranée. Trente kilo­mètres à vol d’oiseau, et à vue de nez. Au fil du temps, le château a été décon­stru­it, mod­i­fié, agrandi.

Virginie Mezerette du Château de Caladroy
Vigne au Château de Caladroy

Aujour­d’hui c’est Vir­ginie qui met sa pat­te en faisant con­stru­ire des gîtes sur le domaine, entre les vignes et les oliviers, à deux pas des départs de randonnée.
Elle m’en­traîne pour un tour de la pro­prié­taire. Nous tra­ver­sons la cave à dégus­ta­tion avec ses jolies voutes, puis la cour intérieure et sa petite chapelle, avant de mon­ter dans le grand escalier qui mène aux salles d’ex­po­si­tion. Les tirages du club pho­to local ornent les murs pour une expo­si­tion tem­po­raire. Et partout, des robes de mar­iée, issues de la col­lec­tion du père de Vir­ginie, pro­prié­taire d’une entre­prise spécialisée.
Est-ce qu’un lieu qui mélange dégus­ta­tion et robes de mar­iée est un traquenard ?

Chateau de Caladroy depuis le vignoble
Cour intérieure du Chateau de Caladroy
Bouteilles du Château Caladroy
chapelle du Château Caladroy

Les sen­tiers de ran­don­née du domaine pro­posent de marcher au milieu des vignes, à la décou­verte des ves­tiges du passé : en effet, un peu partout, se dressent des dolmens !

Le Château de Caladroy

Pour con­naître les horaires d’ou­ver­ture des dégus­ta­tions et des expo­si­tions, ren­dez-vous sur le site du Château.

Ci-dessus :
la vue sur l’Aude depuis les belvédères des Bal­cons Nord du Canigó
et le dol­men du Moli del Vent, un tombeau vieux de plus de 4500 ans !

Le charme discret de Belesta

Je retrou­ve à Beles­ta ce que j’ap­pré­cie depuis le début de mon séjour dans le mas­sif du Canigó : un petit vil­lage rur­al, calme, dont les ruelles pié­tonnes s’enchevêtrent en un joyeux dédale pavé. Comme à chaque fois, ça monte, ça descend, ça tourne ! Et je me perds avec délice, dans tous ces escaliers.
Notes de voy­age, Beles­ta, sep­tem­bre 2021

Le Riberach

Au cœur du vil­lage de Beles­ta, l’an­ci­enne cave coopéra­tive est à présent occupée par le Rib­er­ach, à la fois hôtel eco-lodge et domaine viti­cole. Les pro­prié­taires pro­duisent très peu de bouteilles, mais ont une démarche engagée : des vins nature, bio, avec le moins pos­si­ble de machines.

Les pro­prié­taires ont décidé de val­oris­er l’his­toire du lieu au max­i­mum. Ain­si, une par­tie des cham­bres a été amé­nagée dans les anci­ennes cuves de la cave coopéra­tive, et l’ensem­ble du bâti­ment est tourné vers les vignes. En con­tre­bas, la piscine naturelle s’in­sère har­monieuse­ment dans le décor.

Riberach

L’hô­tel est aus­si réputé pour ses restau­rants et sa cave, com­posée notam­ment de vins locaux.

Pour les horaires, prix et disponi­bil­ités, vous trou­verez toutes les infos sur le site de l’hô­tel.

Per­son­nelle­ment, j’ai dor­mi dans l’un de leurs gites, qui se trou­ve juste au-dessus, dans le vil­lage : La mai­son du Château.

Indépen­dam­ment de l’hô­tel, il est égale­ment pos­si­ble de par­ticiper à des vis­ites et dégus­ta­tions. L’oc­ca­sion de com­pren­dre les spé­ci­ficités des vins nature (qui ne sont pas des vins de garde), de goûter les dif­férences entre les cépages (3 rouges et 3 blancs), et puis de pass­er côté couliss­es, aus­si, pour décou­vrir l’a­vant mise en bouteille !
Lors de mon pas­sage, la jeune femme qui s’oc­cu­pait des vis­ites et dégus­ta­tions était très péd­a­gogue, et pre­nait le temps de tout vul­garis­er, sans élitisme ni mépris (elle ne s’est même pas moquée du mon­sieur qui croy­ait qu’on fai­sait du rosé en mélangeant du blanc et du rouge, c’est dire sa patience !). Je le pré­cise, car en tant qu’in­culte aux savoirs œnologiques, on pour­rait hésiter à met­tre nos chaus­sures de ran­don­née dans pareil endroit. Mais non, j’y ai été très bien accueillie !

Manger à Belesta

J’ai dor­mi dans l’un des gîtes du Rib­er­ach. La fenêtre du salon don­nait directe­ment sur la porte d’en­trée de la mai­son de Pierre. Pierre est un sacré per­son­nage. Comme Pierre n’aime pas être pris en pho­to, vous n’au­rez qu’à imag­in­er que Pierre a les allures d’un Jean Reno au crâne rasé. Pierre a eu un restau­rant à Beles­ta, aus­si réputé pour sa carte que pour sa vue sur le Pic du Canigó. Mais Pierre aime aus­si le calme et la tran­quil­lité. Alors trai­teur, ça lui va bien. Il cui­sine des plats à emporter à base de pro­duits de son jardin ou locaux, ain­si que des piz­zas. Et c’est très bon.

Trai­teur à Belesta

2 rue du Château
66720 Belesta
Con­tact : 04 68 84 52 70
Son site web.

Des plats à emporter et des pizzas.

Randonnée dans le passé industriel du massif du Canigó
entre La Pinosa et le refuge de Batère

Je retrou­ve Fabi­en à l’en­trée du chemin. Brous­sail, est en train de manger à ses côtés, tran­quille­ment. Le temps de gliss­er quelques vict­uailles dans les sacoches du mulet et nous com­mençons la marche. Nous mon­tons vers La Pinosa, pais­i­ble­ment, au rythme de Brous­sail, tan­dis que Fabi­en m’ex­plique com­ment il est devenu le muleti­er du Canigó.
Notes de voy­age, refuge de Batère sep­tem­bre 2021

Juste au-dessus du petit vil­lage de Val­manya, se trou­vent les ruines des mines de fer de La Pinosa (ou La Pinouse). Le fer du Canigó est en fait exploité depuis l’An­tiq­ui­té. Dans le vil­lage minier de La Pinosa, à 1350m d’alti­tude, on extrayait 30 000 tonnes de min­erai par an jusqu’en 1931. Le fer local était si con­nu pour sa qual­ité qu’il a servi pour réalis­er les grilles du Château de Versailles.

Randonnée de Valmanya au refuge de Batère : village de la PinosaÀ l’époque où la mine était en activ­ité, 600 per­son­nes habitaient dans le vil­lage minier, aujour­d’hui en cours de restau­ra­tion. On y trou­vait des dor­toirs, des can­tines, un boulanger… Les ves­tiges du site lais­sent percevoir l’im­por­tance qu’il a pu avoir.

Au moment où j’ai fait cette ran­don­née (sep­tem­bre 2021), les sen­tiers n’é­taient pas encore final­isés. D’i­ci peu, une sig­nalé­tique per­me­t­tra, non seule­ment de suiv­re facile­ment le sen­tier, mais aus­si d’en appren­dre plus sur les lieux et le fonc­tion­nement de l’in­dus­trie du fer dans le mas­sif du Canigó.

Randonnée de Valmanya au refuge de Batère : village de la Pinosa
Randonnée de Valmanya au refuge de Batère : village de la Pinosa

Le chemin, depuis La Pinosa, emprunte par­tielle­ment une anci­enne voie fer­rée, qui per­me­t­tait le trans­port du min­erai entre Rapaloum et For­mentera. Et tout le long de la ran­don­née, sub­sis­tent des traces de l’ex­ploita­tion du fer : tun­nels des anci­ennes mines devenus refuges pour chauves-souris, câbles qui tra­ver­saient la val­lée pour ral­li­er Rapaloum et qui enla­cent main­tenant les arbres, wag­onnets aban­don­nés, etc. Plus loin, le site minier des Ménerots offre lui aus­si son lot de ves­tiges fan­toma­tiques avec l’an­cien four, les bassins, les pans inclinés… Dif­fi­cile d’imag­in­er que ce pais­i­ble paysage de mon­tagne foi­son­nait autre­fois de mineurs, de wag­onnets, et que dans toute la val­lée devait reten­tir le bruit des trains et des pioches.

L’his­toire de Fabi­en et de ses mules com­mence il y a 10 ans. Fabi­en entre­prend de reta­per un mas dans un petit hameau qu’il vient d’a­cheter avec des copains. Sauf que la route s’ar­rête 400m plus bas, et qu’il leur faut trans­porter cours­es et matéri­aux jusqu’au mas. La solu­tion est toute trou­vée : utilis­er des chevaux et des ânes. Et la suite, ce sont des ânons, et Fabi­en qui se dit qu’il va devoir trou­ver une activ­ité pro­fes­sion­nelle qui lui per­me­tte de garder les jeunes ânes. Il alterne ain­si entre trans­port sur les pentes du mas­sif du Canigó et activ­ités en rela­tion avec le tourisme. 
Notes de voy­age, refuge de Batère sep­tem­bre 2021

Ran­don­ner autour du Canigó avec des ânes

Toutes les infos et con­tacts pour par­tir en ran­do avec des ânes ou des poneys sur le site de Fabi­en.

Itinéraires de randonnée

Pour retrou­ver, bien­tôt l’it­inéraire détail­lé de la ran­don­née, ren­dez-vous ici.

tour de Batère dans les nuages

Ci-dessus : un étrange ani­mal (non)endémique croisé pen­dant la ran­do et la Tour de Batère, juste avant le refuge

Le refuge de Batère

Le refuge de Batère est lui aus­si un ves­tige des grandes heures de l’ex­ploita­tion du fer dans le mas­sif du Canigó. L’im­posante bâtisse logeait autre­fois les employés des mines de Batère. Le bâti­ment a été en par­tie réha­bil­ité et trans­for­mé en auberge.

Refuge de Batère

Le refuge ouvre à par­tir de mai jusqu’à mi-octobre.
Pour con­naître les dates et disponi­bil­ités, vous pou­vez con­sul­ter directe­ment le site du refuge.

Le refuge pro­pose des dor­toirs, des cham­bres dou­bles, ain­si qu’un restau­rant (tout est fait mai­son, même les con­fi­tures du petit déje­uner !) et une ter­rasse fort agréable.

Au moment où j’écris ces lignes, le refuge applique tou­jours le pro­to­cole lié au Covid : il faut prévoir son sac de couchage.

Le refuge de Batère
Morgan du refuge de Batère
Robin du refuge de Batère

Ci-dessus : Mor­gan et Robin, maîtres des lieux

Randonnée : le Pic de l’Estelle depuis le refuge de Batère

Met­tre le réveil à 4h30.
Être debout bien avant.
Viss­er le sac sur le dos, et la frontale sur la tête.
Quit­ter le refuge sur la pointe des pieds.
Enfil­er les chaus­sures de randonnée.
Allumer la frontale.
Marcher 500m.
Enlever une couche.
Marcher 500m.
Enlever une couche.
Marcher 500m.
Enlever une couche.
[…]
Faire un détour pour ne pas réveiller un trou­peau de moutons.
Arriv­er au sommet.
Remet­tre toutes les couches.
Atten­dre le lever du soleil.
Notes de voy­age, refuge de Batère, sep­tem­bre 2021

J’ai fait l’as­cen­sion du pic de l’Estelle à la frontale, depuis le refuge de Batère. Le ciel était un peu voilé ce matin-là, mais on prof­i­tait mal­gré tout, depuis les 1 782m d’alti­tude du som­met, d’une super vue panoramique : le Puig Sec et la crète du Bar­bet à l’Ouest, la chaînes des Albères à l’Est, le Pech de Bugarach, les falais­es de Leu­cate, le Bas­sago­da en Espagne, la plaine du Rous­sil­lon, et tout au bout la Méditerranée.
Depuis le refuge, l’it­inéraire con­siste prin­ci­pale­ment à suiv­re la ligne de crête jusqu’au som­met. La mon­tée n’est pas par­ti­c­ulière­ment raide, mais peut sem­bler longue. La récom­pense attend en haut, lorsque le soleil sem­ble sor­tir de la Méditer­ranée et fait rou­gir tout le massif.

Toutes les infos pour faire cette rando

Dis­tance : 8,9 km
Dénivelé Posi­tif : 470 m
Temps de Marche : 3h30

Vous trou­verez la carte et l’it­inéraire détail­lé sur le site de l’Of­fice de Tourisme.

C’est une ran­don­née qui ne présente aucune dif­fi­culté tech­nique. Par con­tre, pensez à prévoir des vête­ments pour les intem­péries, de l’eau, un casse-croûte éventuel, et relisez le par­tie de cet arti­cle dédiée aux patous car cet itinéraire passe à prox­im­ité de zones de pâturages.

lever de soleil depuis le pic de l'estelle lever de soleil depuis le pic de l'estelle

chardon et lever de soleil depuis le pic de l'estelle
Chardon et lever de soleil depuis le pic de l'estelle

Le chemin du retour per­met de faire une boucle plutôt que de revenir sur ses pas. On bas­cule ain­si sur une autre ligne de crête pour rejoin­dre la route qui mène au refuge, en pas­sant par la Tour de Batère.
Au Moyen-Âge, les crêtes et som­mets des Pyrénées Ori­en­tales étaient jalon­nés de tours à sig­naux : y allumer un feu était alors le moyen le plus rapi­de et le plus effi­cace d’in­former le Palais de Per­pig­nan d’une attaque éventuelle.

tour de Batère
tour de Batère

Amélie-les-Bains

Amélie-les-Bains est une sta­tion ther­male. On vient s’y repos­er. Prof­iter du calme et de la douceur du cli­mat. Se promen­er le long du Tech. Pour­tant, lorsque j’ar­rive à Amélie-les-bains, la fête bat son plein. Fan­ions et ban­deroles dans les rues, foules sur les places, chants et danse partout. C’est le jour de la foire cata­lane, l’oc­ca­sion d’as­sis­ter à quelques fes­tiv­ités typ­iques de la région.

Les stars de la journée, ce sont sans con­teste les gegants, ces grands per­son­nages qui dansent au son des tim­bals, les per­cus­sions qui mar­quent le rythme, et des gral­las, genre de haut­bois tra­di­tion­nels. Ces géants paradent tou­jours par deux, conçus par les jeunes du vil­lage pour évo­quer quelques per­son­nal­ités du passé local, fic­tives ou non. Ce sont d’im­posantes struc­tures de bois ou de métal vis­sées sur les épaules d’un por­teur, qui devra tournoy­er, danser, marcher, avec son personnage.

De temps en temps, le défilé s’ar­rête pour laiss­er place aux castells. Sous le regard des géants et des spec­ta­teurs, des dizaines d’ac­ro­bates con­stru­isent des tours humaines. Un étage, deux étages, trois étages… Six, sept, huit… Cer­tains castells vont jusqu’à dix étages. Dix niveaux de femmes et d’hommes mon­tés debout sur les épaules d’un ou d’une autre. Et tout en haut, le plus léger, un enfant, qui escalade la tour humaine comme d’autres mon­teraient à une échelle. L’équili­bre est pré­caire, per­son­ne ne doit flanch­er. L’ex­er­ci­ce est spectaculaire !

Foire Catalane à Amélie-les-bains

Foire Catalane à Amélie-les-bains

Comment se comporter avec les patous,
explications et conseils d’une bergère

Sur la foire d’Amélie-les-Bains, je ren­con­tre Siska. Elle tra­vaille avec sa sœur, Orphée, sur l’ex­ploita­tion famil­iale à 1200m d’alti­tude, dans le haut Valle­spir, au mas de la Cazette, non loin du refuge de Batère.

Se ren­dre à la ferme

Il est pos­si­ble d’a­cheter des pro­duc­tions de la ferme en vente directe, et d’en vis­iter une partie.
Plus d’in­fos ici.

Les sœurs ont deux trou­peaux qui ne se mélan­gent pas : l’un pour la viande, l’autre pour le fro­mage. Les bre­bis se recon­nais­sent entre elles, et rejoignent instinc­tive­ment le bon groupe. Elles passent une par­tie de l’an­née en alpage, en lib­erté dans des pâturages. Et pour pro­téger le trou­peau, bien sûr, il y a les patous.
Les patous, ce sont de gros chiens, proches du gold­en retriev­er, bien con­nus des ran­don­neurs en mon­tagne. Ils gran­dis­sent, dès leur plus jeune âge, avec le trou­peau. Ils en font par­tie inté­grante et ne le quit­tent jamais : l’hiv­er, les patous dor­ment dans la berg­erie. Ce ne sont pas des chiens agres­sifs, ils ont un rôle de pro­tec­tion. Les humains ne sont pas des men­aces pour les bre­bis, me direz-vous. Eh bien, poten­tielle­ment si ! En s’ap­prochant trop d’un trou­peau, on peut l’amen­er à se déplac­er, à aller dans des zones dangereuses.

Quelle atti­tude adopter face aux patous, les con­seils de Siska

Siska m’ex­plique que les patous ne sont pas, par nature, des chiens très agres­sifs. Il peut même arriv­er de devoir se sépar­er de patous trop gen­tils qui suiv­ent les ran­don­neurs en jouant et qui aban­don­nent ain­si le trou­peau ! La mis­sion du patou est de pro­téger son trou­peau. Il va aboy­er dès qu’il percevra un dan­ger, mais n’est pas là pour atta­quer : il doit décourager les intrus. C’est donc ce qu’il faut retenir face à un patou : s’arranger pour ne pas être perçu comme un dan­ger pour le troupeau.

  1. Ne pas s’ap­procher du trou­peau, garder ses dis­tances, quitte à faire un détour.
  2. Face à un patou, ne jamais, jamais, jamais, essay­er d’être menaçant avec un bâton ou un cail­lou. Le regarder dans les yeux en essayant de l’im­pres­sion­ner est aus­si une mau­vaise idée.
  3. De même, éviter tout mou­ve­ment brusque ou cri qui pour­rait sur­pren­dre le patou. Rester calme.
  4. Ne surtout pas par­tir en courant : le patou suiv­rait. Si vous rebroussez chemin, faites-le nor­male­ment, en marchant tran­quille­ment. Le patou suiv­ra peut-être quelque temps, mais rejoin­dra le trou­peau dès qu’il aura vu que vous ne présen­tez aucun danger.

En résumé : la meilleure option reste de garder ses dis­tances avec les troupeaux !

Prats-de-Mollo

Prats-de-Mol­lo a de nom­breux points com­muns avec Ville­franche-de-Con­flent : vieille ville médié­vale for­ti­fiée aux petites ruelles pavées, dom­inée par un fort conçu par Vauban.

vue générale de Prats-de-Mollo vue générale de Prats-de-Mollo

Prats-de-Mol­lo est un char­mant dédale de ruelles est d’escaliers. Je longe l’en­ceinte médié­vale, je descends par un escalier, croise un chat, remonte par un autre, croise deux chats, rejoins l’une des deux artères cen­trales où se trou­vent les com­merces. Je m’é­tonne de la den­sité en matière de librairies pour une ville de 1200 habi­tants. Je tra­verse le pont for­ti­fié de la Guille­ma, direc­tion la Ville Haute. À nou­veau le même dédale. Un escalier, des façades col­orées, et tou­jours des chats, partout.
Notes de voy­age, Prats-de-Mol­lo, sep­tem­bre 2021

Je longe l’église Saintes Juste et Ruffine. Une porte médié­vale, mas­sive, ornée d’une côte de baleine dont per­son­ne ne con­naît l’o­rig­ine. Je n’avais jamais enten­du par­ler de Juste et Ruffine. Il s’avère que ce sont deux Saintes d’An­dalousie. Je pour­su­is der­rière l’église. Je passe la Porte de la Fab­rique. Me voici de l’autre côté des rem­parts, en face de l’ac­cès au souter­rain du Fort Lagarde.
Notes de voy­age, Prats-de-Mol­lo, sep­tem­bre 2021

On accède au Fort Lagarde de plusieurs manières, mais l’une d’elles, la plus ludique, est d’emprunter le souter­rain qui part de la ville for­ti­fiée pour rejoin­dre directe­ment le Fort. C’est le chemin que suiv­aient les sol­dats de la gar­ni­son en place au Fort, au 17ème siècle.

Visiter le Fort Lagarde à Prats-de-Mollo

Pourquoi con­stru­ire un Fort au-dessus d’une ville for­ti­fiée et non à l’intérieur ?
Pour com­pren­dre, il faut se rep­longer dans l’his­toire du Valle­spir. Prats-de-Mol­lo, au Moyen-Âge, est une ville royale et prospère, rat­tachée à la couronne d’Aragon. Mais en 1659, Louis XIV et Philippe IV sig­nent le Traité des Pyrénées qui amène une paix entre les roy­aumes de France et d’Es­pagne, des mariages entre cousins de haut rang, et l’an­nex­ion du Rous­sil­lon par la France. Dans la foulée, le Roi Soleil décide de rétablir l’im­pôt sur le sel, se met­tant défini­tive­ment à dos la pop­u­la­tion locale. C’est le début de la révolte des Angelets.
C’est alors que Vauban arrive, quelques années plus tard, avec les plans du Fort Lagarde : sous pré­texte de sur­veiller la fron­tière voi­sine, il établit une citadelle qui pour­ra sur­veiller (et écras­er) toute ten­ta­tive de rébel­lion. Il fal­lait assoir le roy­aume de France.

Vis­iter le Fort Lagarde

Les horaires des vis­ites vari­ent en fonc­tion de la péri­ode de l’année.
Ren­seigne­ments à pren­dre auprès de l’Of­fice du Tourisme de Prats-de-Mol­lo (Place du Foiral, con­tact : 04 68 39 70 83) ou sur leur site inter­net.

enceinte du Fort Lagarde à Prats-de-Mollo enceinte du Fort Lagarde à Prats-de-Mollo

enceinte du Fort Lagarde à Prats-de-Mollo
enceinte du Fort Lagarde à Prats-de-Mollo

Une nuit en cabane avec vue, à Prats-de-Mollo

Sur le flanc opposé au fort Lagarde, per­dues dans les arbres, se cachent plusieurs cabanes. Elles sont tenues par Fan­ny qui pos­sède égale­ment un restau­rant au village.

Domaine Oz’Arbres

Route d’Es­pagne
66230 Prats-de-Mollo-la-Preste
Télé­phone : 06 51 06 02 54
Toutes les infos sur leur site web.

Fait rare et intéres­sant : cer­taines de ces cabanes sont acces­si­bles aux per­son­nes à mobil­ité réduite.

Randonnée des Tours de Cabrenç depuis Serralongue,
à la découverte des tours à signaux du massif du Canigó

Ser­ra­longue est un petit vil­lage du Haut Vale­spir, tout près de la fron­tière espag­nole. C’est d’ailleurs non loin du bourg que se situe le point le plus mérid­ion­al de France métropolitaine.

conjurador de Serralongue
Vue générale de Serralongue dans le massif du Canigou

Ci-dessus le con­ju­rador* de Ser­ra­longue, et une vue générale du vil­lage dans le mas­sif du Canigó.

Les Tours de Cabrenç, ce sont trois tours voisines, juchées cha­cune sur un piton rocheux, sur une crête qui domine la val­lée et tout un flanc du Canigó. On décou­vre ain­si, tour à tour, la Tour à Sig­naux (entière­ment restau­rée), puis la Tour Médi­ane, et enfin les ruines du château. L’ensem­ble date du 11ème siè­cle, et chaque bâtisse avait son rôle.
La Tour à Sig­naux fai­sait par­tie d’un sys­tème de com­mu­ni­ca­tion déployé dans tout le mas­sif du Canigó : les tours util­i­saient des sig­naux de fumée, ou le feu, pour informer le palais de Per­pig­nan d’une attaque. Chaque tour avait vue sur plusieurs autres tours, de sorte à créer tout un réseau pour lancer l’alerte.
La Tour Médi­ane abri­tait la gar­ni­son, tan­dis que le château était, en toute logique, un lieu de rési­dence pour le seigneur local.

L’it­inéraire de la rando

Dis­tance : 13,1 km
Dénivelé Posi­tif : 700 m
Détails de l’it­inéraire sur le site de l’Of­fice de Tourisme.

Ce n’est pas une ran­don­née tech­nique, même si une par­tie du sen­tier entre les tours est un peu escarpé, mais la mon­tée est longue. Prévoyez de l’eau et des encas !
L’ensem­ble de l’it­inéraire est ombragé.

À not­er : pour mon­ter dans la tour à sig­naux, il vous faut la clef. N’ou­bliez pas de la deman­der à la Mairie ou au Bistrot de Pays avant votre départ !

rando des tours de Cabrenç dans le massif du Canigo
rando des tours de Cabrenç dans le massif du Canigo
rando des tours de Cabrenç dans le massif du Canigo

Où manger à Serralongue ?

Dernier com­merce du vil­lage, le Bistrot de Pays de Ser­ra­longue pro­pose aus­si bien un ensem­ble de ser­vices indis­pens­ables aux habi­tants (dépôt de pain, presse, épicerie…) qu’un lieu où main­tenir du lien social. Sous les para­sols Lupu­lus*, la chi­enne Mirza et ses humaines de com­pag­nie ser­vent des repas faits mai­son dans le restau­rant communal.

L’Hostal de Cabrenç

16, rue Abdon Poggi
66230 Serralongue

Montferrer

Mont­fer­rer est un petit vil­lage de moins de 200 habi­tants, situé dans le Valle­spir. La vue y est splen­dide, mais la meilleure rai­son d’y venir est de nature gastronomique.

vue depuis la table d'orientation de MontferrerTable d’ori­en­ta­tion à l’en­trée du vil­lage de Montferrer

Les glaces au lait de brebis de Virginie

Après un accueil plus qu’hu­mide et chaleureux par un patou guère con­scien­cieux, Vir­ginie m’emmène vis­iter la ferme. En chemin, elle m’ex­plique qu’elle ne pour­ra pas garder le chien, même s’il est né ici, car il passe plus de temps à jouer qu’à rester avec les bre­bis. Je ne croy­ais pas les patous capa­bles d’être si choux !
Dans un petit enc­los, quelques bre­bis sont isolées. Vir­ginie me présente Choupette, la doyenne du trou­peau. Du haut de ses 12 ans, elle a vécu l’aven­ture des glaces depuis le début. Et c’est pour cela qu’elle est isolée, avec les autres bre­bis dev­enues trop vieilles pour don­ner du lait. Mais con­traire­ment aux autres bre­bis, qui par­tiront en retraite pour paître tran­quille­ment, Clo­chette restera là, c’est la mascotte !
Notes de voy­age, Mont­fer­rer, sep­tem­bre 2021

Vir­ginie a quit­té les plaines céréal­ières de Char­entes pour s’in­staller dans un petit mas tra­di­tion­nel sur les pentes du Canigó, avec un pro­jet un peu fou : pro­duire des glaces. Mais pas n’im­porte quelles glaces. Des glaces bio au lait de bre­bis. Et pas n’im­porte quelles bre­bis. Des bre­bis nour­ries exclu­sive­ment à l’herbe et au four­rage des prairies de l’exploitation.

Ce sont des bre­bis cors­es, une race rus­tique qui s’adapte bien à la région. Les 80 bre­bis du trou­peau passent l’été dans les pâturages, avec une traite par jour. Le lait est trans­for­mé dans la journée, à la ferme, par le con­joint de Vir­ginie : un peu plus d’une douzaine de par­fums pour des glaces bio, sans œuf, sans gluten, et peu sucrées. C’est ain­si que 300 000 petits pots aux couleurs de « L’é­toile de la Bergère » sor­tent de l’ate­lier d’O­livi­er chaque été.

L’É­toile de la Bergère

Les glaces de L’É­toile de la Bergère se trou­vent en mag­a­sin Bio­coop, mais il est pos­si­ble d’en acheter en vente directe. Prévenez par télé­phone avant de passer !

Plus d’in­fos ici.

glaces au lait de brebis de l'étoile de la bergère

Saint-Laurent-de-Cerdans, capitale de l’espadrille

Saint-Lau­rent-de-Cer­dans, petit vil­lage frontal­ier, fut le théâtre de deux pans majeurs de l’his­toire locale : l’un est lié au tis­su, l’autre à la dic­tature fran­quiste en Espagne.

Espadrilles et vigatanes

Dans le grand ate­lier de « Créa­tion Cata­lane », je ren­con­tre Céline. Dans ses locaux, elle fab­rique des espadrilles et des vigatanes, ces chaus­sures qui ont longtemps fait la fierté du vil­lage. Car c’est ici, à Saint-Lau­rent-de-Cer­dans, qu’est née l’in­dus­trie de l’es­padrille. D’une san­dale qu’on fab­ri­quait chez soi, c’est devenu l’in­dus­trie qui a fait vivre la val­lée pen­dant plusieurs décen­nies. Dans les années 40, il y avait ain­si une ving­taine de man­u­fac­tures qui pro­dui­saient 10 000 paires par jour !

Aujour­d’hui, c’est Céline qui des­sine les nou­veaux mod­èles, créant des mod­èles mod­ernes, tan­tôt chics tan­tôt fan­tai­sistes. Il y a les vigatanes, l’es­padrille cata­lane à lacets. Des espadrilles à talons. Des espadrilles en cuir. Des espadrilles en sac à café. Et même des espan­touf­fles, hybride ver­sion con­fort moelleux entre la charentaise et l’espadrille.

L’ate­lier (et la bou­tique) d’espadrilles

Créa­tion Catalane
Chemin du Bay­nat d’en pouly
66260 Saint-Laurent-De-Cerdans
Le site web.

Espadrilles de Saint Laurent de Cerdans

Ci-dessus : Céline, cer­ti­fiée Arti­san d’Art, dernière déposi­taire du savoir-faire ances­tral de l’es­padrille cata­lane.

Dans l’en­trée de la man­u­fac­ture, une bou­tique pro­pose les derniers mod­èles. Et dans un coin, quelques san­dales sont exposées, dont une paire de vigatanes par­ti­c­ulières, celles qu’un coureur local a portées lors de marathons. Car l’es­padrille est con­fort­able et solide. Les vigatanes, ces san­dales à lacets, font notam­ment par­tie du cos­tume tra­di­tion­nel des danseurs de sardane.

La par­tic­u­lar­ité de l’es­padrille est, bien sûr, la semelle en corde. Bien avant d’être une san­dale branchée pour vacanciers esti­vaux, l’es­padrille était la chaus­sure des paysans cata­lans. On la fab­ri­quait à la mai­son, avec des matéri­aux peu coû­teux : la corde et la toile. La fab­ri­ca­tion de la chaus­sure s’est par­tielle­ment mécan­isée, les matéri­aux se sont améliorés, l’in­térieur de l’es­padrille est à présent dou­blé de coton pour éviter le con­tact entre le pied nu et la corde. Céline a à cœur de per­pétuer ce savoir-faire et d’u­tilis­er au max­i­mum des four­nisseurs locaux, qu’il s’agisse de la toile, de la corde ou du caoutchouc.

Espadrilles de Saint Laurent de Cerdans
Espadrilles de Saint Laurent de Cerdans

La con­fec­tion d’une espadrille cata­lane suit le même proces­sus depuis plusieurs décen­nies. On découpe les semelles de corde et de caoutchouc ain­si que le tis­su en lin. La semelle est recou­verte de coton, puis vien­nent la cou­ture du tis­su et l’assem­blage avec la semelle. Cette étape se fait sur des formes en bois ou en plas­tique. Ensuite, vient l’é­tape aus­si car­ac­téris­tique que cru­ciale : toutes les par­ties de l’es­padrille sont cousues entre elles sur la machine petits points. C’est une étape tech­nique, qui demande de l’ex­péri­ence. L’ate­lier de Céline est le dernier a procéder ain­si. Pour finir, on colle la semelle en caoutchouc sous l’es­padrille. Et voilà ! C’est plus rapi­de à écrire qu’à faire !

Espadrilles de Saint Laurent de Cerdans
Espadrilles de Saint Laurent de Cerdans

Ci-dessus : Georges offi­ciant sur la machine petits points

Les tissages catalans

Le tis­sage arti­sanal cata­lan s’est dévelop­pé à la fin du 19ème siè­cle, pour fournir les usines d’es­padrilles. Aujour­d’hui, la dernière man­u­fac­ture de tis­sage cata­lan con­tin­ue d’ap­pro­vi­sion­ner le dernier ate­lier d’es­padrilles. Les Toiles du Soleil ont con­servé les métiers à tiss­er cen­te­naires, con­férant une atmo­sphère par­ti­c­ulière au lieu, tout en mod­ernisant motifs et coloris.

usine des Toiles du Soleil à Saint-Laurent-de-Cerdans usine des Toiles du Soleil à Saint-Laurent-de-Cerdans

Le musée de Saint-Laurent-de-Cerdans

Mai­son du Pat­ri­moine et de la Mémoire André Abet

Entrée par l’of­fice de Tourisme
Rue Joseph-Nivet
66260 Saint-Laurent-de-Cerdans
Le site web pour con­naître les horaires.

La Maison du Patrimoine et de la Mémoire André Abet à St Laurent de Cerdans

Le musée est prin­ci­pale­ment con­sacré à ce qui a fait l’his­toire de la ville durant le siè­cle passé. On y trou­ve ain­si la repro­duc­tion d’une usine d’es­padrilles, avec le détail de chaque étape de la con­fec­tion de ces chaus­sures. La scéno­gra­phie intè­gre des vidéos explica­tives très bien faites. On décou­vre égale­ment une par­tie du musée con­sacrée à la Reti­ra­da, l’ex­ode des réfugiés espag­nols : en 1939, la guerre civile qui déchi­rait l’Es­pagne prend fin. La République d’Es­pagne tombe, le général Fran­co accède au pou­voir, et ce sont plus de 450 000 répub­li­cains qui fran­chissent la fron­tière pour trou­ver refuge en France. Dans le Haut-Valle­spir, trois camps sont créés pour « accueil­lir » les réfugiés : Saint-Lau­rent-de-Cer­dans héberge 5000 espag­nols sur des lits en bois, aujour­d’hui exposés dans le musée. Ici encore, la scéno­gra­phie est très bien conçue, et je dois avouer qu’il me paraît impos­si­ble de ressor­tir de la pièce sans une boule dans la gorge.

Maison du Patrimoine et de la Mémoire André Abet
Maison du Patrimoine et de la Mémoire André Abet
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